Cette même année 1933, la construction des planeurs à moteur auxiliaire se développe et des rubriques apparaissent dans les journaux spécialisés sur ce type de construction. Faut-il un moteur sur les planeurs ? Que doit-on attendre du planeur à moteur ?  etc.

Deux modèles de motoplaneurs ou planeurs à moteur auxiliaire sont dessinés par Raymond Jarlaud, directeur technique du bureau d’études de l’Avia.
 

Journal les « Ailes » du 25 mai 1933.

Maurice Brochet récupère une épave d’un planeur Avia 15 A, élabore un nouveau fuselage et obtient ainsi un planeur à moteur auxiliaire appelé MB 20.

Ce moto-planeur se présente comme un monoplace, le pilote est installé dans un poste ressemblant à celui d’un planeur, ce poste caréné étant suivi d’une poutre rectangulaire tenant les empennages.

Le moteur propulsif est monté au dessus de l’aile, elle même haute et haubanée par deux mâts de chaque côté. Le train d’atterrissage est un dièdre classique.

 

 


MB 20 en construction

 


Mis au courant de cette construction, Raymond Jarlaud et Pierre Massenet rendent visite à Maurice Brochet. La machine les intéresse et ils l’achètent 15.000 francs environ pour le compte de l’Aéro-Club de Paris tout en signant un protocole avec Brochet pour la construction en série.

Après discussion, il est convenu que l’appareil portera le nom d’« Avia-50 », cependant, cet organisme, représenté par les deux visiteurs, prendra en charge les frais d’essais de la machine. Ces frais consistent en ceux de la consommation tant du moteur que du personnel. L’ingénieur Jarlaud le modifie pour utiliser le maximum de pièces Avia.

L’appareil est essayé pour la première fois sur le terrain de Toussus-Paris par Eric Nessler le jeudi 17 mai 1934 au matin. Cela commence par trois petits tours à 7 ou 8 mètres de hauteur, bientôt suivis d’un véritable vol à 150 mètres pendant une bonne dizaine de minutes.
 


 


 


 


 


Le moteur Poinsard de 25 CV suffit largement à enlever l’appareil qui, aux mains de Nessler et d’autres pilotes obtient un joli succès auprès des habitués de l’aérodrome de Toussus -Paris siège de l’Aéro-Club de Paris.
 





Décolle en 10 secondes, vitesse 100 kms à l’heure, rayon d’action 300 kilomètres
 

Après les vols d’Eric Nessler, Albert Monville a tenu à essayer le moto-planeur. Le sympathique pilote qui, le dimanche précédent, montait un des bolides de la Coupe Deutsch, est un ardent partisan de la petite puissance. Après son vol, ses impressions furent les suivantes :

« C’est vraiment un planeur, qui se pilote comme tel, et non un avion. Les pilotes de planeur seront à leur aise à bord de cet appareil ; il leur sera, très vite, familier ».

Pierre Massenet, directeur de l’Avia donne son point de vue sur les motoplaneurs dans le journal « Les Ailes ».

« Une catégorie nouvelle d’appareils vient de voir le jour. Il s’agit des moto-planeurs. Déjà, depuis longtemps volent des appareils tenant plus du planeur que de l’avion, et munis d’un moteur à faible puissance. Toutefois, on peut dire que le vol sans moteur, ces temps derniers seulement, a ouvert un marché et facilité la tâche des ingénieurs pour l’étude et la réalisation des machines, d’une mise au point parfois délicate. Parmi-eux, citons Bonnet à Bordeaux, Joly à Beaune, Leroy à Evreux, Botali à Paris et Brochet de Neauphle le Château, qui a remarquablement réalisé le premier moto-planeur « Avia 50 ».

Le grand spécialiste du vol à voile Joseph Thoret, en visite à Neauphle le Château est étonné par les conceptions de Maurice Brochet en matières de constructions aérodynamiques.

Dans le journal «  Le Savoyard » du samedi 4 août 1934, il déclare :

Maurice Brochet avait construit un planeur à moteur auxiliaire qui était une pure merveille mais qui après des essais étonnants à l’aérodrome de Toussus - Paris, fut cassé récemment à l’aérodrome d’Enghien -Moisselles par un Allemand du Club Aéronautique Universitaire. Il met en ce moment au point un motoplaneur qui m’intéresse diablement pour certaines promenades alpines que j’étudie.
 


Mais ce jeune constructeur réalise en silence, non pas un motoplaneur, mais un véritable avion.

La même année 1934 sort le MB 30, immédiatement appelé le « Petit Brochet » qui n’est en fait que le type 20 dont le moteur de propulsif devient tractif.

Par cette transformation, l’appareil prend une configuration toute différente quoique l’ensemble aérodynamique reste identique.

D’ailleurs, il est bon de noter que Maurice Brochet reste du premier au dernier de ses avions fidèle à un seul et même profil, le Gottingen 634 dont le calage diminue progressivement à mesure que les appareils se succèdent.

 

 

 

Pierre Pharabod, pilote sur trimoteur Marcel Bloch 120 est rentré à Paris pour essayer et convoyer le deuxième appareil de la ligne Alger-Congo. Il en profite pour effectuer à Toussus, le 30 août 1934, un vol d'essai de 15 minutes sur un prototype du MB 30. Il constate la rapidité du décollage mais également combien les commandes sont dures en virages, l'avion est trop stable.

Les vols d'essais reprennent le 11 septembre 1934 sur le terrain de Toussus - Paris.

Le matin, M. Bouvens chef pilote de l’école Jean Baptiste Salis, en fait le premier essai. Remplissage des réservoirs ( 24 litres ), dernière vérification. Le moteur Poinsard, à peine sollicité, démarre. M. Bouvens part pour une ligne droite au sol, mais surpris par la rapidité du décollage, se retrouve à six mètres de hauteur ; de nouveau, un vol en ligne droite ; excellente impression.
 


L’après-midi, d’Héricourt, jeune mais excellent pilote, examine la machine ; elle lui plaît. Il endosse sa combinaison, met ses lunettes, s’installe. Contact ; deux tours de terrain ; bonne maniabilité.

 


Le 22 septembre par un vent violent, d’Héricourt décolle, fait deux tours de terrain, mais des ennuis de carburation (givrage) l’obligent à remettre les essais. M. Poinsard va modifier le réchauffage.
 


Le 29 septembre, on procède au remontage du moteur ; à 11 heures, décollage, piloté par M.Bouvens ; roulement au sol : 80 mètres ( poids du pilote 86 kg ).

L’après-midi du même jour d’Héricourt prend le manche et se livre à une belle exhibition : « huit » très serrés, à la verticale, passage plein gaz et au régime de croisière ( 2000 tours ), les bras hors du fuselage.
 

 


Abrial à son tour, essaie le monoplan : passage des mains hors de la carlingue, vol au ralenti, etc ; Abrial de même que les pilotes précédents, constatent que l’avion est « dur aux ailerons » ; il faut presque croiser les commandes pour sortir des virages.
 


Le 30 septembre, on modifie le réglage des ailerons. Cette fois le succès est total. D’Héricourt enchanté, accomplit les plus belles démonstrations durant une bonne partie de l’après-midi ; ses impressions sont confirmées par Abrial qui lui succède.
 

 

 


Le constructeur améliore certains petits détails et l’enthousiasme règne à l’aérodrome de Toussus-Paris au cours des essais du « Petit Brochet » durant lesquels les pilotes réputés s’en disputèrent le manche :

MM. Abrial ; Allegret ; Battini ; Belcombel ; Bourth ; Bouvens ; Cayre ; Destafanis ; D’Héricourt ; Froment ; Gasnier ; Heclnauer ; Heurard ; Jamas ; Lepeigneux ; Malinier ; Martin ; Mantmarin ; Nevat ; Oskinar ; Pharabod ; Thibault ; Takanier ; Trebucien ; Vaculick.
 

Aéro-Club de Paris et aérodrome de Toussus en 1934
( Cliquez sur le logo )

 


Le monoplan Brochet est présenté en vol, en public, le 9 décembre 1934 à Orly. Apprécié au cours de nombreuses exhibitions qu’il effectue durant un an et demi sur les principaux aérodromes de la région parisienne et sur des terrains aménagés sommairement par des amateurs, desquels cet appareil robuste s’accommode cependant fort bien.