J’ai piloté le « JUNGMEISTER » par Fred Nicole

J’ai acheté mon « Jungmeister » en 1948 au Service des Domaines de Clermont-Ferrand.

De construction allemande, il avait passablement souffert de son existence passée et sa remise en état nécessitait des travaux très importants ; lesquels furent confiés, à Maurice Brochet, dans ses ateliers de Neauphle le Château (Yvelines). En fait, il s’agissait plutôt d’une reconstruction pure et simple, car de nombreux éléments devaient être entièrement refait. Par chance j’avais eu l’occasion de faire la connaissance de M.Carl Bûck, lors de son passage à Paris, puis de le revoir en Suède. Entre-temps, il m’avait apporté un dossier très complet sur le « Bu 133 ». Ce précieux document datant d’avant-guerre, permit à Maurice Brochet d’effectuer son travail dans d’excellentes conditions, en respectant les normes d’origine.

   

C’est seulement au début de 1951 que s’acheva la reconstruction. Mais le résultat fut en tous points remarquable, puisque mon avion retrouva toutes les qualités qui firent la renommée du « Jungmeister ». Le petit biplan fut monté sur le terrain voisin de Chavenay-Villepreux, où j’en effectuais les essais au cours du premier trimestre de la même année. Mon appareil prit place dans le Registre Véritas comme le Bûcker Bû 133C n° 1 ; ce chiffre « 1 » étant l’indice de sa reconstruction. Immatriculée F-BBRI, il était peint en ivoire et rouge.



Dès avril 1951, je participais avec lui à une série de Meetings Aériens Nationaux (et autres) : Tunis (8 avril), Alger (15 avril), Saint-Étienne (6 mai), Limoges (27mai), Lille (10 juin), Vesoul (14juillet), Evian (22 juillet), Le Havre ( 29juillet), Vichy (26 août), Lausanne (2 septembre), Cannes ( 9 septembre).



 
 


Au printemps suivant, débutait une nouvelle suite de meetings : Oran (27 avril), Casablanca (4 mai), Lens (11 mai), Bordeaux (18 mai), Dijon (25 mai), Leeds (1er juin), Marseille (6 juin). Ce fut là le dernier : six jours plus tard, étant passager arrière d’une 4CV Renault, je fus éjecté par arrachage de la portière, après que la voiture eût effectué trois tonneaux. Cet accident me valut de rester un mois dans le coma !


Mais revenons au printemps 1951 ; mettant à profit mon expérience du vol sur le dos, j’avais eu l’idée de faire, en rase-mottes dos un sillon d’écume dans l’eau avec le plan fixe vertical de mon F-BBRI. Je fis les premiers essais sur le lac Léman. Puis je recommençais le 9 septembre 1951 devant le Carlton, lors du Meeting de Cannes, où ce fut plus difficile, l’eau de la Méditerranée étant loin d’être aussi lisse que celle du Lac de Genève. Je voulus récidiver le 6 juin 1952, pendant le Meeting de Marseille, mais la mer était trop agitée ce jour-là.